Les élus locaux et la Politique
internationale...Ou Candide aux pays du sommeil municipal.
Après avoir déposé un
dossier concernant l'A.G.C.S, aupès de la mairie de la
commune dans laquelle je réside, j'ai patiemment attendu.
Et attendu.
Et attendu encore.
Puis j'en ai eu assez, et j'ai décidé
de réveiller cette fameuse fibre politique qui, je le
croyais, avait dû pousser le maire de mon village à
endosser les responsabilités qu'il assume... Après
avoir sollicité un rendez-vous maintes et maintes fois,
j'en ai obtenu un. Le samedi matin, à 9h00.
Motivés - motivés, il faut rester
motivés, comme dit la chanson...
J'apprends avec joie, dès le début
de notre "entretien" que Monsieur le maire a bien
lu le dossier que j'ai déposé à son intention.
Il a même été évoqué entre
les membres du Conseil Municipal. J'aurais été
mauvaise langue? A l'instar du Conseil Régional du Languedoc-Roussillon,
la commune dont je suis citoyen va se déclarer hors-A.G.C.S,
décision symbolique, certes, mais décision quand
même, début d'action, de contestation peut-être...
Puis je mesure rapidement l'étendue
de ma candeur, lorsque Monsieur le maire me demande: "Mais
qu'est-ce qui vous inquiète par rapport à ça?!"
Je tente de lui expliquer que je ne suis pas
inquiet, à proprement parler. Que je suis conscient que
l'AGCS ne fait qu'officialiser, légiférer l'emprise
déjà très concrète, de l'O.M.C sur
nos gouvernements. Que j'ai le sentiment que la société
de demain sera une société où les multinationales
confirmeront le pouvoir qu'elles ont déjà, à
l'aide de mesures juridiques, leur permettant, notamment, de
poursuivre les Etats qui subventionnent les activités
qu'elles visent, les secteurs dans lesquelles elles souhaitent
être seules et uniques maîtresses du jeu. Je lui
cite quelques chiffres, afin qu'il comprenne
que mes propos reflètent une réalité économique
bien tangible, une volonté, des multinationales en question,
de conquérir les marchés qu'elles ont commencé
à "infiltrer".
Monsieur le maire me répond. Son discours
à lui est sans doute beaucoup moins théorique,
certes. Il estime que la privatisation de certains secteurs
d'activité n'est pas nécessairement une mauvaise
chose. Son expérience, au niveau des budgets qu'il a
dû gérer, concernant l'Education, notamment, est
particulièrement éloquente.
Selon lui.
Mais l'analyse qu'il en fait est inverse à
la mienne. Monsieur le maire m'explique qu'il a dû batailler
pour assurer un service scolaire décent à ses
administrés. Monsieur le maire m'explique que la seule
réponse qu'il obtient lorsqu'il réclame des budgets
supplémentaires, est une suggestion d'augmentation des
impôts locaux (faites par les mêmes responsables
qui ont déclaré la région hors-A.G.C.S?).
En somme, pour résumer ses propos, la politique budgétaire
de la région ne lui permet pas d'assurer les besoins
minimums de sa commune, de garantir les droits de base de la
population qu'il a en charge.
Je reprends alors espoir: Nous sommes d'accord!
Et je suis prêt à lui apporter mon soutien dans
ce domaine! Je lui propose même d'être correspondant,
à titre bénévole, sur le sujet du démantèlement
des services publics. De tenter de fédérer ensemble
, les communes alentours, au sein desquelles je commence à
avoir certains contacts, au niveau associatif notamment.
Mais Monsieur le maire ne veut pas de mon aide.
Grande leçon d'humilité, ça m'apprendra
...! Il est donc évident, selon lui, que la privatisation
de secteurs de la vie publique peut être une solution,
une voie d'amélioration. Et Monsieur le maire de me citer
EDF, France Télécom...
Deux questions s'imposent à mon esprit:
Comment peut-on représenter l'Etat et
ne plus avoir confiance en Lui?
Pourquoi refuser l'aide (même dérisoire)
de ses administrés, face aux carences, aux lacunes qui
sont la cause même de cette confiance perdue?
Le 16 avril prochain est organisée une
action nationale des collectivités territoriales contre
l'A.G.C.S. Action d'information, essentiellement, à laquelle
je souhaitais voir adhérer ma commune, puisque notre
Conseil Régional s'est déclaré zone hors-A.G.C.S.
Mais monsieur le maire ne m'appuiera pas, considérant
que les preuves sont là, que l'Etat ne remplit plus ses
devoirs en matière de services. Mais l'Etat c'est Nous,
Monsieur le maire. Et Vous en êtes le
représentant direct, et vous êtes convaincu qu'il
vaut mieux se tourner vers les entreprises privées?!
J'ai conclu en lui disant que je pensais l'inverse,
que les élus, soutenus par leurs populations pouvaient
faire avancer les choses. Il déplorait, et il me l'a
d'ailleurs répété (!), que les "gens
ne se bougent pas assez"...
Je lui ai à nouveau indiqué que
les impératifs budgétaires vers lesquels on le
renvoyait régulièrement deviendraient un argument
systématique dans la logique de profit du privé.
Et qu'il n'aurait plus le loisir de revendiquer ce à
quoi il à droit, mais juste le droit de payer!
Puis l'on s'est quittés. Un peu fâchés,
sans doute.
Merci de m'avoir reçu, Monsieur le maire,
tout de même.
Nous continuerons sans vous.
LIEN &
DOCUMENT
(13/04/2005)
Pour répondre à mon maire, quant
à mes angoisses; quant "à ce qui m'inquiète
par rapport à ça"; on pourra consulter l'excellent
document "Ma
commune en 2015" du site des Etats
généraux contre l'AGCS.
Voici le dossier qui a motivé ma démarche.
Comme vous pourrez le constater, la liste des municipalités
et institutions qui ont décidé de réagir
est assez longue. Alors, voilà, il suffit de l'imprimer,
et de le soumettre à la vôtre. Faites circuler
l'information, c'est un début. Bon courage.